En novembre 2023, la FSU-SNUipp alertait sur les conséquences de l’insuffisance des moyens attribués à la prise en charge de l’école inclusive : « les PE et AESH se sentent trop souvent seul.es, avec le sentiment de pallier les carences du manque de places dans les établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS). ».

Ce ressenti coïncide avec celui des professionnel.les du social et du médico-social, qui, dans une enquête de 2022 du Conseil départemental des BDR (CD 13), estimaient que ce manque de places se vérifiait essentiellement en ITEP et IME.

Corroborant ce ressenti, le CREAI PACA, un organe qui recense les besoins identifiés par les institutions du handicap, affirmait en 2021 que « dans les BDR, le nombre d’enfants en liste d’attente a été multiplié par trois entre 2000 et 2014, avec une croissance annuelle de 8% contre seulement 1,5% de croissance annuelle du nombre de places. »
Cela se traduit par « des listes d’attente de plusieurs années en IME et en ITEP et des délais de plusieurs mois pour la prise en charge en CAMSP ou CMPP », alerte le CD 13.

Cela « engendre aussi », ajoute celui-ci, « un recours fort aux spécialistes du secteur libéral, avec des limites rencontrées sur la continuité de prise en charge et le travail en réseau ». Ainsi, au-delà du manque de places, l’appel d’air du secteur libéral pour pallier le manque de solutions pérennes a pour conséquence des inégalités sociales de plus en plus flagrantes, que déplorent au quotidien les PE et les psychologues de l’éducation nationale.

En effet, on constate que les familles “favorisées” financent plus facilement des bilans, rédigent plus aisément des recours et obtiennent par la MDPH des professionnel.les qui accompagnent leurs enfants, du matériel, des aides financières. Les familles plus éloignées des codes de l’École subissent, elles, sans moyens adaptés pour soutenir leur enfant, dans une école qui par ailleurs a de moins en moins de moyens pour aider en son sein les élèves en difficultés.

À cela s’ajoute en PACA, « dans un contexte où la grande pauvreté et la santé mentale explosent, selon le CD 13, une recrudescence des situations d’enfants à troubles psychiques ou comportementaux qui met en tension les dispositifs d’accueil et pour lesquels les solutions de prise en charge adaptées sont insuffisantes, notamment pour les enfants cumulant les difficultés familiales et les troubles psychiques, avec un taux d’équipement en psychiatrie infanto-juvénile sensiblement inférieur à la moyenne française. »

En plus, la répartition territoriale des places en établissements est inégale dans les BDR, ce qui génère des problèmes de déplacements insurmontables pour des enfants déjà en situation complexe. « Les places en IME du département sont en effet concentrées sur Marseille Sud et on constate une absence de places en ITEP sur les secteurs d’Aubagne, la Ciotat, l’Étang de Berre et Salon » reconnaît le CD 13.

Que cela soit à l’école, dans les établissements ou les familles, le manque de places dans le champ du handicap intensifie en cascade l’épuisement et la détresse.

C’est le cas par exemple dans le secteur de la protection de l’enfance, affirmait cet hiver l’UNIOPSS, un organe qui unit les professionnel.les du social et du médico-social : « la moitié des établissements accueille dans des conditions inadaptées 76% de jeunes en situation de handicap par défaut de places dans le champ du handicap ».

Face à cette situation inacceptable dans les BDR, qui concentre 65% du manque de places en PACA (contre 42% des handicaps sévères), la FSU-SNUipp 13 va solliciter une audience auprès de l’agence régionale de santé (ARS).

2600 places sur les 5194 jeunes

Cette dernière, qui freine des quatre fers pour ouvrir des places en établissement spécialisé, se doit pourtant de répondre aux besoins notifiés par la MDPH (environ 2600 places sur les 5194 jeunes de 0 à 19 ans identifié·es en 2020 avec des handicaps “sévères”), et à minima assez pour rejoindre la moyenne nationale de 10 places pour 1000 enfants à l’heure où les BDR ne sont qu’à 8 ‰.

Ce n’est que par des moyens importants nécessitant des efforts conjoints de l’ARS et de l’EN que l’école pourra devenir réellement inclusive et respectueuse.

ASH : manque de places en établissements spécialisés

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