Le Sénat a voté le 30 octobre une interdiction très large de l’écriture inclusive, encouragé par E. Macron qui a appelé à « ne pas céder aux airs du temps », déclarant « Le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots ou des tirets.” Le texte doit maintenant passer à l’Assemblée où cette lubie de la droite conservatrice ne recueillera, espérons-le, pas autant d’adhésion.

Est-ce dans l’air du temps de lire « M. Macron » comme « Monsieur Macron » et non « Aime point Macron » ?
Nous oralisons des codages depuis toujours, pourquoi ne pas coder l’inclusion au lieu de l’ostraciser ?

Une langue qui n’inclut pas exclut. Les mots comptent, tout comme dans une société pour qui le “masculin neutre” serait la norme, réfutant ainsi le rôle primordial du langage dans la construction de la pensée. L’écriture inclusive est une réponse parmi d’autres à l’invisibilisation d’une partie de la société dans notre langue qui a le mérite de proposer une évolution vers plus d’égalité. L’objectif des propositions de l’écriture inclusive, c’est de faire en sorte que filles et garçons ne soient pas éduqué·es inconsciemment à se destiner à tel ou tel usage social ou à s’interdire tel ou tel choix en fonction de leur sexe. Le fait de "globaliser" par le masculin invisibilise la possibilité du féminin. Et le cerveau humain est fait de telle sorte que la norme n’est pas un choix réfléchi et conscient qui correspondrait à une réalité objective et légitime, mais la portion de réalité la plus répétée au point d’en devenir banale, un repère rassurant parce que familier.

L’écriture inclusive est une réflexion sur des outils permettant de penser la langue non comme un outil neutre qu’elle n’est pas, mais comme un levier pour contribuer à faire évoluer les consciences vers plus d’égalité entre femmes et hommes que certain·es ont grand intérêt à ne pas voir aller vers plus de justice sociale, économique ou écologique.

L’écriture inclusive est en réalité une manière de rendre les usager·ères du français actif·ves pour ne pas exclure les femmes ou d’autres catégories de personnes de l’espace public.

Parce que la langue nomme le réel, ce que la langue ne nomme pas n’existe pas.

Ecriture inclusive : une langue qui n’inclut pas… exclut !

Ecriture inclusive : une langue qui n’inclut pas… exclut !