La manifestation de la communauté éducative de Parc Bellevue ce mercredi 20 novembre fut un moment fort ! Une « mise en abime » des politiques actuelles en matière d’éducation prioritaire, une irruption aussi, celle des familles des quartiers populaires, des personnels (enseignant.es, AESH, personnels municipaux) dans le plan Ecole Marseille.

CP Ecole Parc Bellevue - 22 nov 2024

Mais on ne peut évoquer le plan Ecoles de Marseille sans rappeler l’abandon organisé pendant 25 ans de l’Ecole Publique par la droite Marseillaise de 1995 à 2020 ! « La honte de la République ! » avait, à raison, titré Libération parlant des écoles de la cité phocéenne. Le plan Ecoles est l’aboutissement d’une bagarre menée, notamment par la FSU-SNUipp13 pour la dignité.
Dans l’abandon des écoles par le Gaudinisme, il faut aussi dire que les quartiers populaires l’ont été plus que les autres. Si 2/3 des 188 écoles concernées par le plan de rénovation sont dans les quartiers nord c’est une nécessité !

Depuis 2020, sous l‘égide du Printemps Marseillais, des rénovations et constructions d’écoles ont commencé. Elles portent leur lot de difficultés : comment enseigner et apprendre dans une école en travaux ? Comment enseigner et travailler en étant délocalisé dans une école provisoire ? L’école Bouge a subi les affres de la délocalisation, celle des Oliviers ceux d’une présence sur site, « agrémentée » du péril de l’amiante. Pour Vayssière, une école provisoire à proximité où les choses se sont bien passées.

La FSU-SNUipp13, au plus près de ces écoles, a obtenu un groupe de travail et un protocole sur la rénovation des écoles qui contient, parmi d’autres choses, et même si c’est insuffisant, un temps libéré pour déménager, et une reconnaissance du temps de concertation induit par les travaux.

Dans ce contexte, la rénovation de l’école Parc Bellevue s’avance. Elle est prévue pour 2026. Les locaux actuels sont vétustes, délabrés. Et quand l’équipe pédagogique et les parents d’élèves engagent les discussions avec la SPEM et la mairie de Marseille, ils découvrent un projet qui couplerait la délocalisation d’une partie de l’école dans une école vétuste, l’autre restant sur site. Rester sur site implique un doublement du temps des travaux (de 2 ans à 4 ans). Il n’y a pas de doubles vitrages. Pas de diagnostic amiante complet en possession des personnels et des parents. Dès lors la communauté éducative réclame de ne pas rester sur site et de rester ensemble sur un autre lieu.

A quelques pas de là, la flambante et neuve Cité internationale, co-financée par la région et des fonds privés, dernier « joyau » de l’académie, vient d’ouvrir. Elle a de la place puisque les classes d’âge rentrent les unes après les autres. Dès lors, une solution existe pour les familles et les enseignant.es de Parc Bellevue.

C’était ce qu’était venue dire la communauté éducative fortement mobilisée à l’occasion de l’inauguration de la Cité Internationale, ce mercredi après-midi.
La Cité Internationale est un projet qui mérite d’être interrogé, pas tant dans l’idée qu’il a de mêler enfants des classes populaires et enfants des classes moyennes ou supérieures, la mixité sociale restant un horizon indispensable pour la FSU-SNUipp13, mais dans le fait que pour y arriver, il sélectionne (doncil élimine des élèves) et il ôte les meilleurs élèves des quartiers populaires de leurs écoles. L’incapacité et l’absence de volonté politique de démultiplier des dispositifs de mixité sociale enterrent là toute idée d’une école ambitieuse offerte à toutes et tous.

Dès lors, quand ont commencé à s’entremêler parents revendicatifs de Parc Bellevue et parents de la Cité Internationale venus inaugurer leur école ce mercredi 20 novembre, il y avait un risque : celui de la concurrence, de la bataille pour les quelques places à prendre. Loin de là, ce rendez-vous fut un trait d’union où les gestes de compréhension et d ‘entre-aide se sont multipliés.

Mieux ! La mobilisation des parents et des enseignant.es soutenues par plusieurs organisations syndicales, dont la FSU-SNUipp et la fédération de parents d’élèves de la FCPE a trouvé un écho dans le champ politique. Benoît Payan, maire de Marseille a d’abord ouvert la porte à l’idée d’un accueil de Parc Bellevue à la Cité Internationale avant que Renaud Muselier, président de la région et propiétaire des murs ne lui emboite le pas.

Reste à faire valider cela par l’Education Nationale pour le bien-être de tous. C’est ce que portera la FSU-SNUipp13 lors du CSA-Académique de ce mardi 26 novembre et lors du CDEN du jeudi 28 novembre.

L’histoire de Parc Bellevue doit faire école. Elle nous dit que même si le plan Ecole est en soit une nécessité et une chose heureuse pour les personnels et les familles, notamment des quartiers populaires, on n’apporte jamais « le bien » « d’en haut », on le construit toujours avec les personnes concernées.

La tentation est parfois forte, par raccourci, précipitation, ou manque d’attention, de faire sans. Cet article, s’il a une utilité est celle de rappeler qu’à chaque fois, c’est faire fausse route !
Gageons que le message sera entendu pour la suite du déploiement du Plan Ecoles qui doit bien évidemment se poursuivre !

Le Plan Ecole : pas sans nous !

Le Plan Ecole : pas sans nous !